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Titre de l'article:Syndrome VEXAS comme nouveau diagnostic différentiel de la spondyloarthrite du sujet âgé

Premier auteur: Jain H

Revue: MEDITERRANEAN JOURNAL OF RHEUMATOLOGY

Auteur du résumé: Philippe Mertz


Syndrome VEXAS comme nouveau diagnostic différentiel de la spondyloarthrite du sujet âgé

Le syndrome VEXAS (Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) est une maladie autoinflammatoire associée à des mutations somatiques du gène UBA1, principalement observée chez les personnes de plus de 50 ans. Ce gène code une enzyme clé du processus d'ubiquitination, dont la dysfonction entraîne l'activation de plusieurs voies inflammatoires. Les signes évocateurs du syndrome VEXAS incluent une anémie macrocytaire, des dermatoses neutrophiliques (comme le syndrome de Sweet), des atteintes pulmonaires, ophtalmologiques, des thromboses, et des manifestations rhumatologiques variées. Ces dernières se présentent souvent sous forme d'arthro-myalgies ou de mono-, oligo-, ou polyarthrites.

La spondyloarthrite du sujet âgé est une entité rare, pouvant être axiale et/ou périphérique, avec une composante inflammatoire souvent plus marquée que chez le sujet jeune. Elle impose d’éliminer certains diagnostics différentiels spécifiques, notamment les rhumatismes microcristallins, la pseudo-polyarthrite rhizomélique, l’artérite à cellules géantes, ou encore des rhumatismes paranéoplasiques.

Les auteurs rapportent le cas d’un homme de 67 ans habitant en Inde présentant une polyarthrite périphérique associée à des lombalgies chroniques d’horaire inflammatoire. Depuis un mois, des lésions cutanées avaient également été observées, et la biopsie a révélé une dermatose neutrophilique, qui a bien répondu à une corticothérapie. Le bilan rhumatologique a montré la présence de l’HLA B27, une sacro-iliite bilatérale active à l’IRM, des synovites des poignets et une bursite rétrocalcanéenne bilatérale. Le traitement initial par sulfasalazine et AINS a échoué, et l’introduction de méthotrexate à 15 mg/semaine s’est également révélée inefficace. Des explorations complémentaires ont mis en évidence une anémie macrocytaire (Hb = 8,3 g/dL, VGM = 106 fL) associée à un syndrome inflammatoire biologique (CRP = 38 mg/L). Ces anomalies ont conduit au séquençage par Sanger du gène UBA1, confirmant le diagnostic de syndrome VEXAS par la mutation p.Met41Leu. Une corticothérapie combinée à un traitement par sulfasalazine à 1 mg/jour a permis de contrôler les symptômes articulaires.


MRI of the sacroiliac joints in STIR sequence showing bilateral sacroiliitis characterised by increased signal intensity depicting bone marrow oedema in bilateral sacroiliac joints.

Deux autres cas de spondyloarthrite du sujet âgé associés au syndrome VEXAS ont été rapportés :

Homme de 57 ans habitant en France, présentant un tableau clinique similaire, incluant une polyarthrite périphérique, une sacro-iliite bilatérale, une positivité pour HLA-B27 et un syndrome inflammatoire biologique (2). Lors des premières manifestations inflammatoires à 57 ans en 2010, un traitement par anti-TNF alpha avait permis un bon contrôle initial des symptômes. Par la suite, il a développé une uvéite antérieure aiguë, des chondrites de l’oreille et du nez, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), et une dermatose neutrophilique. Plusieurs lignes thérapeutiques ont été tentées sans succès durable, incluant le méthotrexate, l’azathioprine, la cyclophosphamide, le baricitinib, l’infliximab, le tocilizumab, l’anakinra et l’ustekinumab. Finalement, un traitement combinant des immunoglobulines intraveineuses (2 g/kg toutes les 4 semaines) et le sécukinumab (300 mg toutes les 4 semaines) a montré une efficacité. Le diagnostic de syndrome VEXAS associé à la mutation Met41Thr a été posé rétrospectivement en 2020.

Homme de 74 ans d’origine caucasienne avec antécédent de thrombose veineuse des membres inférieurs récent, présentait des lombalgies inflammatoires avec une sacro-iliite bilatérale à l’IRM, une anémie macrocytaire (Hb = 8,8 g/dL et VGM = 101 fL), mais sans syndrome inflammatoire biologique significatif (3). Par la suite, il a développé une progression de l’anémie (Hb = 8,5 g/dL et VGM = 100 fL), un purpura des membres inférieurs, un érythème noueux et une chondrite de l’oreille. Le diagnostic de syndrome VEXAS associé à la mutation Met41Thr du gène UBA1 a été posé. Après l’échec de plusieurs traitements, notamment le tocilizumab compliqué d’une diverticulite abcédée, l’azacitidine à la dose standard de 75 mg/m²/jour a permis une réduction significative de la corticothérapie (de 40 mg/jour à 5 mg/jour) et une amélioration clinique des symptômes.

Les manifestations du syndrome VEXAS sont variées et encore mal définies. Il semble être un des nouveaux diagnostics différentiels à envisager en cas de spondyloarthrite du sujet âgé, notamment à partir de 50 ans vu l’âge de survenue du syndrome VEXAS et en particulier en présence d’un syndrome inflammatoire biologique, d’anomalies hématologiques avec anémie en particulier macrocytaire associées ou d’autres atteintes évocatrices comme une dermatose neutrophilique. Des antécédents atypiques ou l’apparition de nouveaux symptômes extra-rhumatologiques, tels que des thromboses veineuses, des dermatoses inflammatoires (notamment neutrophiliques), des chondrites ou des atteintes pulmonaires, doivent également orienter vers ce diagnostic. De plus, une résistance au traitement initial par AINS peut constituer un signal d’alerte, d’autant que les anomalies hématologiques associées au syndrome VEXAS peuvent apparaître secondairement.

REFERENCES

Jain H, Roy D, Mavidi S, Haldar S, Mondal S, Bhattacharya P, et al. Elderly Onset Spondyloarthropathy and VEXAS Syndrome: A Case Report. Mediterr J Rheumatol. 2024 Sep;35(3):490–3.

Magnol M, Couvaras L, Degboé Y, Delabesse E, Bulai-Livideanu C, Ruyssen-Witrand A, et al. VEXAS syndrome in a patient with previous spondyloarthritis with a favourable response to intravenous immunoglobulin and anti-IL17 therapy. Rheumatology (Oxford). 2021 Sep 1;60(9):e314–5.

Pereira da Costa R, Sapinho G, Bandeira M, Infante J, Marques T, Mimoso Santos C, et al. Case report: VEXAS syndrome: an atypical indolent presentation as sacroiliitis with molecular response to azacitidine. Front Immunol. 2024;15:1403808.



 
 
 

Premier auteur : Denizmen et al

Revue: Clinical nuclear medicine

Reference : DOI : 10.1097/RLU.0000000000005280

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Observation :

Les auteurs rapportent le cas d’un homme de 43 ans d’origine turque, suivi pour une spondylarthrite ankylosante (SA) depuis l'âge de 16 ans.  Il avait ensuite développé une amylose AA sévère avec insuffisance rénale terminale puis bénéficié d’une transplantation rénale. Une scintigraphie 99m Tc PYP avait été demandés par ses cardiologues devant un aspect atypique sur une IRM cardiaque. Cette scintigraphie montrait une prise minime du99m Tc PYP cardiaque mais une accumulation diffuse du traceur dans la glande thyroïde (figure, panel A,B et C). Les images du PET-scanner ont révélé une augmentation de la prise de99m Tc PYP dans une glande thyroïde élargie de façon diffuse, contenant des régions avec une densité graisseuse sans accumulation de traceur (figure, panels D et E). Il n'y avait pas de prise de contraste gastrique indiquant la présence de technétium libre (figure, panels F et G). L'échographie de la thyroïde retrouvait une hypertrophie diffuse de la glande avec une échogénicité hétérogène, les zones les plus proches du transducteur présentant un aspect hyperéchogène. Une cytoponction thyroïdienne objectivait des dépôts éosinophiles homogènes dans la région périfolliculaire avec coloration rouge Congo positive et biréfringence vert pomme en lumière polarisée, confirmant l'amylose (figure, panels J et K). La fonction thyroïdienne était normale.

 

L’amylose AA est une complication rare des spondyloarthropathies dont la fréquence a été rapportée entre 1,1 % et 2,15 %.(1)


Le goitre amyloïde est une complication tardive de l’amylose AA principalement observée après une amylose rénale et peut provoquer un goitre à développement rapide, ce qui peut conduire à des symptômes cliniques de type dyspnée nécessitant parfois de la chirurgie de décompression.

 

Un travail réalisé  sur les goitres amyloïdes dans l'amylose AA secondaire à la fièvre méditerranéenne familiale a montré que les patients sont pour la plupart (75 %) euthyroïdiens, mais que l'on peut observer une modification des taux sériques d'hormones thyroïdiennes(2).


En conclusions : il s'agit du premier cas montrant la fixation en scintigraphie 99m Tc PYP SPECT/CT d’un goitre amyloïde chez un patient présentant une amylose AA secondaire à une spondylarthrite. Cet examen pourrait constituer un outil non invasif pour confirmer la nature amyloïde d’un goitre chez un patient avec une amylose AA déjà prouvée.

La figure de l'article


Références:

1. Papa R, Lachmann HJ. Secondary, AA, Amyloidosis. Rheumatic Disease Clinics of North America [Internet]. nov 2018 [cité 8 sept 2024];44(4):585‑603. Disponible sur: https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0889857X18300577

2. Vergneault H, Terré A, Buob D, Buffet C, Dumont A, Ardois S, et al. Amyloid Goiter in Familial Mediterranean Fever: Description of 42 Cases from a French Cohort and from Literature Review. JCM [Internet]. 5 mai 2021 [cité 8 sept 2024];10(9):1983. Disponible sur: https://www.mdpi.com/2077-0383/10/9/1983








 
 
 

Premier auteur: M. DELPLANQUE et al,

Revue: European Journal of Internal Medicine

Pièges diagnostiques chez les patients atteints d'une mutation acquise de NLRP3 (CAPS)

Résumé:

L’article met en lumière les défis diagnostiques des syndromes périodiques associés à la cryopyrine (CAPS), causés par des mutations du gène NLRP3. Ces maladies autoinflammatoires incluent trois formes principales : l’urticaire familiale au froid (FCAS), le syndrome de Muckle-Wells (MWS) et le syndrome CINCA (Chronic Infantile Neurological Cutaneous and Articular).

L’étude présente deux cas de patients atteints de CAPS avec des mutations somatiques acquises de NLRP3, illustrant la difficulté de diagnostic en raison de phénotypes atypiques :

  • Patient 1 (P1) : Femme de 46 ans présentant des symptômes neuro-inflammatoires (céphalées persistantes, méningite aseptique, perte auditive), initialement mal diagnostiquée. Une mutation somatique M406I a été identifiée après 10 ans d’errance diagnostique, expliquant sa symptomatologie atypique. Un traitement par anti-IL-1 a radicalement amélioré son état.

  • Patient 2 (P2) : Homme atteint dès l’enfance d’un syndrome CINCA sévère avec urticaire, arthrite et retard de croissance. Son diagnostic génétique a été difficile, la mutation M406V n’ayant été détectée qu’à l’âge de 15 ans, grâce à une approche de séquençage approfondi.

Les auteurs soulignent que les mutations somatiques dans le domaine NACHT du gène NLRP3 activent de manière constitutive l’inflammasome, entraînant une surproduction d’IL-1β et une inflammation chronique sévère. L’étude met en évidence l’importance du séquençage génétique avancé pour identifier ces mutations, particulièrement dans les cas atypiques.

Conclusion

L’identification des mutations somatiques dans NLRP3 est essentielle pour éviter les erreurs diagnostiques et proposer un traitement efficace. L’errance diagnostique peut être longue en l’absence de signes cliniques classiques (comme l’urticaire), et le séquençage de nouvelle génération est indispensable pour détecter des mosaïcismes à faible pourcentage.



 
 
 
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