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Premier auteur : Denizmen et al

Revue: Clinical nuclear medicine

Reference : DOI : 10.1097/RLU.0000000000005280

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Observation :

Les auteurs rapportent le cas d’un homme de 43 ans d’origine turque, suivi pour une spondylarthrite ankylosante (SA) depuis l'âge de 16 ans.  Il avait ensuite développé une amylose AA sévère avec insuffisance rénale terminale puis bénéficié d’une transplantation rénale. Une scintigraphie 99m Tc PYP avait été demandés par ses cardiologues devant un aspect atypique sur une IRM cardiaque. Cette scintigraphie montrait une prise minime du99m Tc PYP cardiaque mais une accumulation diffuse du traceur dans la glande thyroïde (figure, panel A,B et C). Les images du PET-scanner ont révélé une augmentation de la prise de99m Tc PYP dans une glande thyroïde élargie de façon diffuse, contenant des régions avec une densité graisseuse sans accumulation de traceur (figure, panels D et E). Il n'y avait pas de prise de contraste gastrique indiquant la présence de technétium libre (figure, panels F et G). L'échographie de la thyroïde retrouvait une hypertrophie diffuse de la glande avec une échogénicité hétérogène, les zones les plus proches du transducteur présentant un aspect hyperéchogène. Une cytoponction thyroïdienne objectivait des dépôts éosinophiles homogènes dans la région périfolliculaire avec coloration rouge Congo positive et biréfringence vert pomme en lumière polarisée, confirmant l'amylose (figure, panels J et K). La fonction thyroïdienne était normale.

 

L’amylose AA est une complication rare des spondyloarthropathies dont la fréquence a été rapportée entre 1,1 % et 2,15 %.(1)


Le goitre amyloïde est une complication tardive de l’amylose AA principalement observée après une amylose rénale et peut provoquer un goitre à développement rapide, ce qui peut conduire à des symptômes cliniques de type dyspnée nécessitant parfois de la chirurgie de décompression.

 

Un travail réalisé  sur les goitres amyloïdes dans l'amylose AA secondaire à la fièvre méditerranéenne familiale a montré que les patients sont pour la plupart (75 %) euthyroïdiens, mais que l'on peut observer une modification des taux sériques d'hormones thyroïdiennes(2).


En conclusions : il s'agit du premier cas montrant la fixation en scintigraphie 99m Tc PYP SPECT/CT d’un goitre amyloïde chez un patient présentant une amylose AA secondaire à une spondylarthrite. Cet examen pourrait constituer un outil non invasif pour confirmer la nature amyloïde d’un goitre chez un patient avec une amylose AA déjà prouvée.

La figure de l'article


Références:

1. Papa R, Lachmann HJ. Secondary, AA, Amyloidosis. Rheumatic Disease Clinics of North America [Internet]. nov 2018 [cité 8 sept 2024];44(4):585‑603. Disponible sur: https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0889857X18300577

2. Vergneault H, Terré A, Buob D, Buffet C, Dumont A, Ardois S, et al. Amyloid Goiter in Familial Mediterranean Fever: Description of 42 Cases from a French Cohort and from Literature Review. JCM [Internet]. 5 mai 2021 [cité 8 sept 2024];10(9):1983. Disponible sur: https://www.mdpi.com/2077-0383/10/9/1983








 
 
 

Premier auteur: M. DELPLANQUE et al,

Revue: European Journal of Internal Medicine

Pièges diagnostiques chez les patients atteints d'une mutation acquise de NLRP3 (CAPS)

Résumé:

L’article met en lumière les défis diagnostiques des syndromes périodiques associés à la cryopyrine (CAPS), causés par des mutations du gène NLRP3. Ces maladies autoinflammatoires incluent trois formes principales : l’urticaire familiale au froid (FCAS), le syndrome de Muckle-Wells (MWS) et le syndrome CINCA (Chronic Infantile Neurological Cutaneous and Articular).

L’étude présente deux cas de patients atteints de CAPS avec des mutations somatiques acquises de NLRP3, illustrant la difficulté de diagnostic en raison de phénotypes atypiques :

  • Patient 1 (P1) : Femme de 46 ans présentant des symptômes neuro-inflammatoires (céphalées persistantes, méningite aseptique, perte auditive), initialement mal diagnostiquée. Une mutation somatique M406I a été identifiée après 10 ans d’errance diagnostique, expliquant sa symptomatologie atypique. Un traitement par anti-IL-1 a radicalement amélioré son état.

  • Patient 2 (P2) : Homme atteint dès l’enfance d’un syndrome CINCA sévère avec urticaire, arthrite et retard de croissance. Son diagnostic génétique a été difficile, la mutation M406V n’ayant été détectée qu’à l’âge de 15 ans, grâce à une approche de séquençage approfondi.

Les auteurs soulignent que les mutations somatiques dans le domaine NACHT du gène NLRP3 activent de manière constitutive l’inflammasome, entraînant une surproduction d’IL-1β et une inflammation chronique sévère. L’étude met en évidence l’importance du séquençage génétique avancé pour identifier ces mutations, particulièrement dans les cas atypiques.

Conclusion

L’identification des mutations somatiques dans NLRP3 est essentielle pour éviter les erreurs diagnostiques et proposer un traitement efficace. L’errance diagnostique peut être longue en l’absence de signes cliniques classiques (comme l’urticaire), et le séquençage de nouvelle génération est indispensable pour détecter des mosaïcismes à faible pourcentage.



 
 
 

Premier auteur :  Chaabouni et al

Revue: Néphrologie et thérapeutique

Reference :  DOI : 10.1016/j.nephro.2021.08.005

Une cause rare et très sévère de l’amylose AA : Les épidermolyses bulleuses héréditaires

Introduction :

Les épidermolyses bulleuses dystrophiques récessives (EBDR) sont des génodermatoses rares, de transmission autosomique récessive. Elles sont caractérisées par une fragilité cutanée et muqueuse aboutissant à la formation de bulles au moindre traumatisme, par clivage sous-épidermique, sous la lamina densa. Elles sont associées à des mutations dans le gène COL7A1 codant pour le collagène VII, le composant principal des fibrilles d’ancrage. Elle se manifeste dès la naissance par des bulles et des érosions cutanées diffuses, avec une atteinte muqueuse sévère.

Le pronostic des EBDR est sombre et le décès survient généralement au cours des 3 premières décennies. Les complications sont multiples, dominées par la dénutrition, les infections à répétition et la dégénérescence des lésions cutanées chroniques en carcinome épidermoïde. L’amylose AA, touchant surtout les reins, est une complication systémique rare des EBDR. Les auteurs de cet article rapportent deux cas d’amylose AA rénale chez des patients tunisiens atteints d’EBDR.


Observations :

Observation 1:

Il s’agissait d’un homme issu d’un mariage consanguin, atteint d’EBDR. Des lésions bulleuses généralisées étaient présentes dès la naissance (Fig. 1). L’atteinte de la muqueuse buccale était sévère. Le cuir chevelu était respecté. La microscopie électronique sur biopsie cutanée montrait une altération des fibrilles d’ancrage. Une mutation (p.R2063W/p.R2063W) du gène COL7A1 était identifiée par séquençage par Sanger . A l’âge de 38 ans, le patient présentait des œdèmes des membres inférieurs blancs, mous, prenant le godet, d’installation progressive sur 2 mois, associés à une asthénie et une oligurie. La pression artérielle et l’auscultation cardio-pulmonaire étaient normales. Le bilan sanguin montrait une anémie hypochrome microcytaire à 9 g/dL, une insuffisance rénale terminale, une hypoprotidemie à 46 g/L et une hypoalbuminémie profonde à 9,7 g/L. Les analyses urinaires retrouvaient une protéinurie abondante (4 g/24 h) et une hématurie à 2 croix.

Devant ce syndrome néphrotique impur, le diagnostic d’amylose AA rénale était retenu devant la présence de dépôts de substance amyloïde dans les glomérules et le long de la paroi vasculaire sur la biopsie rénale. L’hémodialyse était indiquée mais refusée par le patient qui décédait deux mois plus tard.


Observation 2:

Une patiente âgée de 28 ans, issue d’un mariage consanguin, consultait pour des œdèmes des membres inférieurs blancs, mous, prenant le godet, datant d’un mois. Elle était suivie depuis sa naissance pour une EBDR. L’examen cutané retrouvait des lésions bulleuses et des érosions post-bulleuses siégeant au niveau des extrémité et du dos. La cicatrisation était lente, aboutissant à des cicatrices atrophiques, sans grains de milium. Il n’y avait pas de syndactylie.

L’atteinte de la muqueuse buccale montre une oligodontie (Fig. 2). On notait, par ailleurs, une anonychie au niveau des orteils et une alopécie cicatricielle. Le séquençage du gène COL7A1 a retrouvait une mutation (p.G1483D/pG1483D). Les explorations biologiques montraient une anémie sévère à 7 g/dL hypochrome microcytaire, une hypoprotidémie à 42 g/L, une hypoalbuminémie 18 g/L et une protéinurie à 8 g/24 h. Les fonctions rénale et hépatique étaient normales.

La biopsie des glandes salivaires accessoires objectivait la présence de dépôts amyloïdes.

Deux mois après le diagnostic, la patiente était admise pour une infection urinaire à Escherichia Coli. La fonction rénale s’était rapidement dégradée, avec une clairance de créatinine à 15 mL/min. La patiente décédait quelques jours plus tard, suite à un choc septique.


Discussion:

L’amylose AA secondaire à l'épidermolyse bulleuse complique majoritairement les formes sévères dont les EBDR du fait de l’inflammation chronique due aux infections cutanées à répétition.

En dehors de l’hydronéphrose secondaire aux uropathies sténosantes, les principales autres causes d’atteinte rénale au cours des EBDR sont la glomérulonéphrite post-infectieuse et la glomérulonéphrite mésangiale à dépôt d’immunoglobuline A (IgA).

L’amylose AA constitue une complication grave, souvent mortelle, des EBDR.


Conclusion:

Ces deux cas d'amylose AA dans l'EBDR montrent la gravité de cette complication, souvent fatale. Un dépistage annuel de la protéinurie permettrait un diagnostic précoce, et de nouveaux traitements pourraient améliorer le pronostic chez ces patients fragiles.


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Auteurs

Année de la publication

Nombre de cas

Les atteintes liées à l’amylose

Hémodialyse

Évolution

Chaabouni et al (1)

2021

2

Rénale

Oui

Décès des 2 cas rapportés

Kaneko et al(2)

2000

7

Rénale

Oui

Décès du cas index

Bourke et al(3)

1995

2

Rénale

Non précisé

Décès

Pinarbasi et al (4)

2019

1

Rénale

Non précisé

Décès

S yi (5)

1988

1

Rénale

Non précisé

Décès

Références

1. Chaabouni R, Amouri M, Chaari C, Bouattour Y, Sellami K, Bahloul Z, et al. Une cause rare de l’amylose AA : les épidermolyses bulleuses héréditaires. Néphrologie & Thérapeutique [Internet]. avr 2022 [cité 8 sept 2024];18(2):136‑9. Disponible sur: https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1769725521005319


2. Kaneko K, Kakuta M, Ohtomo Y, Shimizu T, Yamashiro Y, Ogawa H, et al. Renal Amyloidosis in Recessive Dystrophic Epidermolysis bullosa. Dermatology [Internet]. 2000 [cité 8 sept 2024];200(3):209‑12. Disponible sur: https://karger.com/DRM/article/doi/10.1159/000018384


3. Bourke JF, Browne G, Gaffney EF, Young M. Fatal systemic amyloidosis (AA type) in two sisters with dystrophic epidermolysis bullosa. Journal of the American Academy of Dermatology [Internet]. août 1995 [cité 8 sept 2024];33(2):370‑2. Disponible sur: https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/0190962295914366


4. Pinarbasi A, Dursun I, Daldaban B, Günay N, Çiçek S, Şahin N, et al. Epidermolysis bullosa complicated with nephrotic syndrome due to AA amyloidosis: A case report and brief review of literature. Saudi J Kidney Dis Transpl [Internet]. 2019 [cité 8 sept 2024];30(6):1450. Disponible sur: https://journals.lww.com/10.4103/1319-2442.275492


5. Yi S, Naito M, Takahashi K, Nogami R, Maekawa Y, Arao T. Complicating systemic amyloidosis in dystrophic epidermolysis bullosa, recessive type. Pathology [Internet]. 1988 [cité 8 sept 2024];20(2):184‑7. Disponible sur: https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S003130251636634X

 
 
 
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