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Titre de l'article: Atteinte neurologique du VEXAS dans la cohorte rétrospective du French VEXAS Registry
Premier auteur: Charlotte Bert-Marcaz
Revue: J Neurol
Auteur du résumé: Philippe Mertz

Neurological manifestations in patients with VEXAS syndrome

Le syndrome VEXAS (Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) est une maladie auto-inflammatoire décrite, liée à des mutations somatiques du gène *UBA1*. Il touche principalement les hommes de plus de 50 ans et se caractérise par une inflammation systémique, des anomalies hématologiques et des manifestations cutanées. Cependant, ses atteintes neurologiques, centrales comme périphériques, restent mal comprises et probablement sous-diagnostiquées.


Cette étude rétrospective multicentrique a analysé les manifestations neurologiques de patients atteints de VEXAS inclus dans le registre national français entre novembre 2020 et mars 2023. Sur 291 patients du registre, 17 (6 %) présentaient une atteinte neurologique. Treize cas supplémentaires ont été identifiés via un appel national à observations, portant le total à 30 patients. Tous étaient des hommes, avec un âge médian de diagnostic de 70 ans (IQR : 68–77). Le variant *UBA1* le plus fréquent était *p.Met41Thr* (63 %).


Cinq patients (17 %) ont présenté des manifestations neurologiques inaugurales (3 SNP, 2 SNC), mais aucun n’avait d’atteinte neurologique isolée au départ. Le délai médian entre le diagnostic de VEXAS et la première atteinte neurologique était de 32 mois (IQR : 18–48) pour le SNP et 17 mois (IQR : 2–31) pour le SNC.


L’atteinte du SNP concernait 70 % des patients et incluait des polyneuropathies, atteintes des nerfs crâniens et mononeuropathies multiples. L’atteinte du SNC (30 % des cas) regroupait encéphalopathies, infarctus lacunaires, syndrome PRES et périnévrite optique. Aucun patient ne présentait une atteinte concomitante des deux systèmes, bien que plusieurs aient développé différentes manifestations neurologiques au cours de la maladie. L’atteinte oculaire (sclérite, épisclérite, uvéite antérieure, inflammation périorbitaire) était plus fréquente dans le groupe SNP (p = 0.045).


Parmi les 15 patients ayant eu une ponction lombaire en cas d’atteinte du SNC, 6 (60 %) avaient une hyperprotéinorachie (> 0.45 g/L) et 1 (10 %) une pléiocytose (> 5/mm³). L’IRM cérébrale (15/15) montrait une leucopathie (81 %), des lésions ischémiques (40 %), un œdème postérieur vasogénique (19 %) ou une pachyméningite (7 %).


Parmi les 24 patients ayant eu une ponction lombaire en cas d’atteinte du SNP, 8/9 (89 %) avaient une hyperprotéinorachie, aucun n’avait de pléiocytose. Tous les patients ayant bénéficié d’un électromyogramme (17/17) présentaient des anomalies de la conduction nerveuse.

Neuroimaging of CNS involvement in VEXAS patients.

La corticothérapie a permis une amélioration des manifestations neurologiques dans 68% des cas. Certaines atteintes ont très bien répondu : nerfs crâniens (86 %), polyneuropathies non longueur-dépendantes (75 %), périnévrite optique (100 %), infarctus lacunaires (100 %) et encéphalopathie (100 %). Dans 4 cas, l’atteinte s’est résolue spontanément (1 atteinte crânienne, 1 infarctus lacunaire, 2 PRES). À l’inverse, les polyneuropathies étaient souvent résistantes (56 % stables, 33 % aggravées). Des traitements d’épargne cortisonique (ruxolitinib, azacitidine, tocilizumab) ont été utilisés. La mortalité était de 30 % après un suivi médian de 4 ans, due principalement à des complications infectieuses et cardiovasculaires.


En conclusion, les atteintes neurologiques du VEXAS sont rares (6 % de la cohorte) mais probablement sous-diagnostiquées. Elles sont inaugurales dans près de 17 % des cas et toujours associées à d’autres signes de VEXAS. L’atteinte du SNP est plus fréquente que celle du SNC. La bonne réponse aux corticoïdes dans la majorité des cas suggère un lien direct entre ces manifestations et le VEXAS. Un dépistage systématique pourrait permettre une prise en charge plus précoce et mieux adaptée.


*SNP: Système nerveux périphérique

*SNC: Système nerveux central


Atteinte neurologique dans le syndrome VEXAS : résultats du registre français FRENVEX

 
 
 

Titre de l'article: Vascularites et syndrome VEXAS

Premier auteur: Megan M Sullivan

Revue: Rheumatology (Oxford, England)

Auteur du résumé: Philippe MERTZ


Vascularites et syndrome VEXAS

Le syndrome VEXAS est une maladie auto-inflammatoire associée à des mutations somatiques du gène UBA1. Il affecte principalement les hommes de plus de 50 ans et se manifeste par une inflammation systémique, des anomalies hématologiques et des atteintes cutanées. Les complications vasculaires, notamment les thromboses veineuses, sont fréquentes, et certains patients développent également une vascularite touchant des vaisseaux de différents calibres.

Cette étude rétrospective et monocentrique menée à la Mayo Clinic aux USA a analysé les cas de vascularite chez des patients atteints de VEXAS entre janvier 2020 et juillet 2024. La vascularite devait être confirmée par biopsie ou imagerie. Les caractéristiques des vascularites observées ont été comparées aux critères de classification officiels : ACR/EULAR 2022 pour les vascularites à ANCA (GPA, GEPA, MPA), ACR 1990 pour la périartérite noueuse (PAN) et ACR/EULAR 2022 pour l’artérite à cellules géantes (ACG).

Parmi les 89 patients étudiés, tous étaient des hommes, avec un âge médian de 66,9 ans (IQR 60,1 – 72,7). La mutation Met41Thr était la plus fréquente (50,6 %), suivie de Met41Val (24,7 %) et Met41Leu (16,9 %). Une anémie macrocytaire était présente dans 85,4 % des cas et une thrombopénie dans 37,1 %. Un quart des patients recevait une corticothérapie ≥ 20 mg/jour pour contrôler l’inflammation.

Parmi ces patients, 23,6 % avaient une vascularite confirmée. Quatre patients répondaient aux critères de classification des vascularites : un pour l’ACG, la PAN, la GPA et la MPA. La vascularite touchait principalement les petits vaisseaux (19,1 %), suivis des moyens (2,2 %) et des gros vaisseaux (2,2 %). Aucun patient ne présentait une atteinte simultanée de vaisseaux de calibres différents.

Petit calibre

(19.1%)

Grand calibre

(2.2%)

La majorité (16/17) présentaient une vascularite leucocytoclasique à la biopsie cutanée

 

3 patients présentaient des ANCA+, avec un patient remplissant les critères ACR/EULAR 2022 de GPA avec atteinte rénale

 

Uniquement 2 patients ont eu un diagnostic d’ACG malgré le fait que 14/ 89 patients présentaient des symptômes compatibles avec une atteinte céphalique de vascularite des gros vaisseaux (12/14 céphalées, 1/14 claudication de mâchoire, 2/14 anomalie de la vision et 1/14 induration de l’artère temporale)

 

18/ 89 patients ont eu une biopsie d’artère temporale (BAT), avec uniquement 1/18 biopsie montrant une infiltration focale de l’intima par des neutrophiles. Ce même patient avait également une vascularite des gros vaisseaux mise en évidence à l’angio-TDM.

 

Un autre patient avait des signes de vascularite à l’angio-IRM.

 

Un seul patient remplissait les critères ACR/ EULAR 2022 d’ACG

 

Moyen calibre

(2.2%)



2/17 patients

 

Touchant essentiellement la peau

 

1 patient remplissait les critères ACR 1990 de PAN

Les patients atteints de VEXAS avec ou sans vascularite ont été comparés. Seules les manifestations oculaires, telles que l'œdème péri-orbitaire, l'uvéite, la sclérite, la conjonctivite et la perte de vision, étaient significativement associées à la vascularite (p = 0,013). Aucune distinction n’a été faite entre ces atteintes, bien que leur pronostic soit variable. Un patient présentant une artère temporale indurée avec une biopsie négative a perdu la vue ultérieurement, soulignant l’importance d’un suivi attentif. Il n’y avait aucun lien statistique entre la vascularite et la thrombose veineuse, suggérant que ces deux processus suivent des mécanismes physiopathologiques distincts dans le syndrome VEXAS.

Figure 1. Small and large vessel vasculitis in VEXAS syndrome

Au total

Environ 25 % des patients VEXAS développent une vascularite détectée par biopsie ou imagerie, avec une atteinte pouvant toucher des vaisseaux de différentes tailles.

La vascularite des petits vaisseaux est la plus fréquente, avec une atteinte cutanée la plupart du temps, mais les vaisseaux de moyen et grand calibre peuvent également être touchés. 

- Certains patients présentant des véritables auto-anticorps (ANCA+) et remplissent les critères de classification des vascularites auto-immunes ou inflammatoires « classiques » : il est essentiel d’envisager VEXAS chez les patients ≥ 50 ans présentant une vascularite atypique, notamment en cas de corticodépendance et manifestations multisystémiques.

Seize pourcents présentent des symptômes céphaliques d’ACG mais in fine peu de patients présentent une BAT ou une imagerie positive permettant d’affirmer le diagnostic. La place de l’échographie de l’artère temporale reste à discuter. Ces symptômes ne sont pas à négliger dans la mesure où des cas de perte de vision sont rapportés même chez des patients à BAT négative (mais avec une induration clinique de l’artère temporale).

Aucune corrélation claire entre la vascularite et les événements thromboemboliques veineux n’a été retrouvée, suggérant des mécanismes physiopathologiques distincts dans VEXAS. Les manifestations oculaires (œdème péri-orbitaire, uvéite, conjonctivite, perte de vision, etc.) étaient les seules associées à la vascularite (p = 0,013).



 
 
 

Premier auteur: Hadjadj et al.

Lien vers l'article: DOI: 10.1136/ard-2024-225640


Efficacy and safety of targeted therapies in VEXAS syndrome

Résumé:


Objectif de l'étude:

Évaluer l'efficacité et la sécurité des thérapies ciblées dans le syndrome de VEXAS, une maladie auto-inflammatoire de l'adulte associée à des mutations somatiques du gène UBA1.


Méthodologie:

Étude rétrospective multicentrique incluant 110 patients ayant reçu au moins une thérapie ciblée. La réponse complète (CR) et la réponse partielle (PR) étaient définies par des critères cliniques et biologiques spécifiques.


Résultats:

110 patients ont reçu 194 thérapies ciblées: 78 (40%) inhibiteurs de JAK (JAKi), 51 (26%) inhibiteurs de l'IL-6, 33 (17%) inhibiteurs de l'IL-1, 20 (10%) bloqueurs du TNFα et 12 (6%) autres thérapies ciblées.

À 3 mois, le taux de réponse globale (CR et PR) était de 24% avec les JAKi, 32% avec les inhibiteurs de l'IL-6, 9% avec les inhibiteurs de l'IL-1 et 0% avec les bloqueurs du TNFα ou autres thérapies ciblées.

À 6 mois, le taux de réponse globale était de 30% avec les JAKi et de 26% avec les inhibiteurs de l'IL-6.

La survie sans arrêt du traitement était significativement plus longue avec les JAKi qu'avec les autres thérapies ciblées.

Parmi les patients ayant interrompu le traitement, les causes étaient l'échec primaire, l'échec secondaire, un événement indésirable grave ou le décès, avec des taux différents selon les traitements.


Conclusions:

Les inhibiteurs de JAK et de l'IL-6 montrent des bénéfices, tandis que les autres thérapies ont une efficacité moindre. Ces résultats nécessitent une confirmation dans des essais prospectifs.

 
 
 
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