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Premier auteur : P. Mertz

Revue: La Revue de médecine interne

Fig. 1. Voie de l’inflammasome aboutissant à la pyroptose et à la libération d’IL18 active.
Fig. 1. Voie de l’inflammasome aboutissant à la pyroptose et à la libération d’IL18 active.

Résumé:

Les maladies autoinflammatoires (MAI) sont caractérisées par des dysfonctionnements de l’immunité innée, entraînant une inflammation systémique avec des manifestations cliniques variées. Le champ des MAI s’est élargi grâce à une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques et à l’avancée des techniques de génomique. Une nouvelle catégorie émergente de MAI se caractérise par une élévation importante de l’interleukine 18 (IL-18), une cytokine pro-inflammatoire synthétisée dans les macrophages et activée par la caspase 1 via différents inflammasomes, jouant un rôle dans la régulation de l’immunité innée et adaptative. L’IL-18 est impliquée dans de nombreuses fonctions, notamment la prolifération, la survie et la différenciation des cellules immunitaires, l’infiltration tissulaire des cellules immunitaires, la polarisation des réponses immunitaires, et la production d’autres cytokines pro-inflammatoires. Cet article propose une synthèse de la littérature sur l’IL-18, ses fonctions et son implication dans le diagnostic et le traitement des MAI. Les MAI associées à une élévation de l’IL-18 comprennent la maladie de Still, les maladies associées à des mutations de NLRC4, XIAP, CDC42, et PSTPIP1, ainsi que les déficits en IL-18BP. En dehors des maladies associées à PSTPIP1, ces maladies présentent toutes un risque de syndrome d’activation macrophagique. Le dosage de l’IL-18 dans le sérum peut être utile pour le diagnostic, le pronostic et le suivi de ces maladies. Des thérapies ciblant l’IL-18 et ses voies de signalisation sont actuellement en cours d’étude.

© 2024 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS.




 
 
 

Titre de l'article: Vascularites et syndrome VEXAS

Premier auteur: Megan M Sullivan

Revue: Rheumatology (Oxford, England)

Auteur du résumé: Philippe MERTZ


Vascularites et syndrome VEXAS

Le syndrome VEXAS est une maladie auto-inflammatoire associée à des mutations somatiques du gène UBA1. Il affecte principalement les hommes de plus de 50 ans et se manifeste par une inflammation systémique, des anomalies hématologiques et des atteintes cutanées. Les complications vasculaires, notamment les thromboses veineuses, sont fréquentes, et certains patients développent également une vascularite touchant des vaisseaux de différents calibres.

Cette étude rétrospective et monocentrique menée à la Mayo Clinic aux USA a analysé les cas de vascularite chez des patients atteints de VEXAS entre janvier 2020 et juillet 2024. La vascularite devait être confirmée par biopsie ou imagerie. Les caractéristiques des vascularites observées ont été comparées aux critères de classification officiels : ACR/EULAR 2022 pour les vascularites à ANCA (GPA, GEPA, MPA), ACR 1990 pour la périartérite noueuse (PAN) et ACR/EULAR 2022 pour l’artérite à cellules géantes (ACG).

Parmi les 89 patients étudiés, tous étaient des hommes, avec un âge médian de 66,9 ans (IQR 60,1 – 72,7). La mutation Met41Thr était la plus fréquente (50,6 %), suivie de Met41Val (24,7 %) et Met41Leu (16,9 %). Une anémie macrocytaire était présente dans 85,4 % des cas et une thrombopénie dans 37,1 %. Un quart des patients recevait une corticothérapie ≥ 20 mg/jour pour contrôler l’inflammation.

Parmi ces patients, 23,6 % avaient une vascularite confirmée. Quatre patients répondaient aux critères de classification des vascularites : un pour l’ACG, la PAN, la GPA et la MPA. La vascularite touchait principalement les petits vaisseaux (19,1 %), suivis des moyens (2,2 %) et des gros vaisseaux (2,2 %). Aucun patient ne présentait une atteinte simultanée de vaisseaux de calibres différents.

Petit calibre

(19.1%)

Grand calibre

(2.2%)

La majorité (16/17) présentaient une vascularite leucocytoclasique à la biopsie cutanée

 

3 patients présentaient des ANCA+, avec un patient remplissant les critères ACR/EULAR 2022 de GPA avec atteinte rénale

 

Uniquement 2 patients ont eu un diagnostic d’ACG malgré le fait que 14/ 89 patients présentaient des symptômes compatibles avec une atteinte céphalique de vascularite des gros vaisseaux (12/14 céphalées, 1/14 claudication de mâchoire, 2/14 anomalie de la vision et 1/14 induration de l’artère temporale)

 

18/ 89 patients ont eu une biopsie d’artère temporale (BAT), avec uniquement 1/18 biopsie montrant une infiltration focale de l’intima par des neutrophiles. Ce même patient avait également une vascularite des gros vaisseaux mise en évidence à l’angio-TDM.

 

Un autre patient avait des signes de vascularite à l’angio-IRM.

 

Un seul patient remplissait les critères ACR/ EULAR 2022 d’ACG

 

Moyen calibre

(2.2%)



2/17 patients

 

Touchant essentiellement la peau

 

1 patient remplissait les critères ACR 1990 de PAN

Les patients atteints de VEXAS avec ou sans vascularite ont été comparés. Seules les manifestations oculaires, telles que l'œdème péri-orbitaire, l'uvéite, la sclérite, la conjonctivite et la perte de vision, étaient significativement associées à la vascularite (p = 0,013). Aucune distinction n’a été faite entre ces atteintes, bien que leur pronostic soit variable. Un patient présentant une artère temporale indurée avec une biopsie négative a perdu la vue ultérieurement, soulignant l’importance d’un suivi attentif. Il n’y avait aucun lien statistique entre la vascularite et la thrombose veineuse, suggérant que ces deux processus suivent des mécanismes physiopathologiques distincts dans le syndrome VEXAS.

Figure 1. Small and large vessel vasculitis in VEXAS syndrome

Au total

Environ 25 % des patients VEXAS développent une vascularite détectée par biopsie ou imagerie, avec une atteinte pouvant toucher des vaisseaux de différentes tailles.

La vascularite des petits vaisseaux est la plus fréquente, avec une atteinte cutanée la plupart du temps, mais les vaisseaux de moyen et grand calibre peuvent également être touchés. 

- Certains patients présentant des véritables auto-anticorps (ANCA+) et remplissent les critères de classification des vascularites auto-immunes ou inflammatoires « classiques » : il est essentiel d’envisager VEXAS chez les patients ≥ 50 ans présentant une vascularite atypique, notamment en cas de corticodépendance et manifestations multisystémiques.

Seize pourcents présentent des symptômes céphaliques d’ACG mais in fine peu de patients présentent une BAT ou une imagerie positive permettant d’affirmer le diagnostic. La place de l’échographie de l’artère temporale reste à discuter. Ces symptômes ne sont pas à négliger dans la mesure où des cas de perte de vision sont rapportés même chez des patients à BAT négative (mais avec une induration clinique de l’artère temporale).

Aucune corrélation claire entre la vascularite et les événements thromboemboliques veineux n’a été retrouvée, suggérant des mécanismes physiopathologiques distincts dans VEXAS. Les manifestations oculaires (œdème péri-orbitaire, uvéite, conjonctivite, perte de vision, etc.) étaient les seules associées à la vascularite (p = 0,013).



 
 
 

Premier auteur : SOTSKIY P

Revue: Clin Exp Rheum

Reference: Clin Exp Rheumatol. 2024 Sep 19. doi: 10.55563/clinexprheumatol/9yc77f. Online ahead of print.PMID: 39360377


Troubles de la reproduction chez les patients avec fièvre méditerranéenne familiale homozygote et hétérozygote comparés à des témoins

Introduction :


La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est la plus fréquente des maladies autoinflammatoires monogéniques au monde. Des études antérieures ont montré une corrélation claire entre le génotype des patients et la gravité clinique de la FMF. Cependant, aucune étude spécifique n'a cherché une corrélation directe entre le génotype du patient et l'appareil reproducteur.

  • Cette étude visait à comparer les troubles de la reproduction chez les patientes ayant une FMF homozygote et hétérozygote par rapport à des témoins sains.


La FMF peut s’accompagner d’anomalies de la fonction reproductive des femmes par les mécanismes suivants :

-péritonite aiguë qui peut entraîner des adhérences péritonéales et une obstruction des trompes de Fallope conduisant à une infertilité mécanique.

-péritonite survenant au cours d'une crise aiguë de FMF chez une femme enceinte peut provoquer des contractions utérines et une fausse couche ou un accouchement prématuré.

-l'amylose inflammatoire peut théoriquement épaissir les ovules, ce qui entraîne des difficultés de pénétration des spermatozoïdes.


Patients et méthodes :


L’étude a porté sur 249 femmes présentant des troubles de la reproduction dans un centre de gynécologie du Centre national de génétique médicale et de soins de santé primaires d'Erevan, en Arménie. Le diagnostic de FMF a été confirmé en utilisant les critères de Tel-Hashomer en plus de l'analyse génétique des 12 mutations MEFV les plus courantes : E148Q, P369S, F479L, M680I (G/C), M680I (G/A), I692del, M694V, M694I, K695R, V726A, A744S, R761H. Un score de sévérité a été calculé pour chaque patient FMF.

Les femmes ont été réparties en trois groupes :

Groupe 1 : 40 femmes FMF avec deux mutations MEFV identiques (homozygotes).

Groupe 2 : 47 femmes FMF avec un seul variant MEFV (hétérozygotes).

Groupe 3 : un groupe témoin de femmes présentant des problèmes de reproduction mais aucune autre maladie systémique, en particulier la FMF.

Tous les patientes ont été recrutés, ont donné leur consentement éclairé et ont été et examinées dans la même clinique de gynécologie pour des problèmes de reproduction. Les problèmes de reproduction évalués comprenaient les dysfonctionnements menstruels, l'infertilité primaire et secondaire, l'hyperplasie endométriale, les fausses couches spontanées, les grossesses extra-utérines et les accouchements prématurés.

Résultats :

Les patientes homozygotes présentaient, comme attendu, une FMF plus sévère, le génotype M694V/ M694V ayant été trouvé chez 75 % de ces patients, suivi par M680I/M680I et V726A/ V726A. Les génotypes les plus courants chez les patients hétérozygotes étaient M694V/-, M680I/-, V726A/- et E148Q/-.

L'infertilité primaire était significativement plus élevée chez les homozygotes (79,4%) que chez les hétérozygotes (38,5%). La principale cause d'infertilité chez les patients atteints de FMF était tubo-péritonéale. Les adhérences dans les régions pelviennes, péritubaires et péri-ovariennes étaient plus fréquentes chez les patients atteints de FMF que chez les témoins. La stérilité était 1,54 fois plus fréquente chez les homozygotes que chez les hétérozygotes et les témoins.

Les causes d'infertilité dans le groupe témoin comprenaient l'endométriose, les fibromes utérins et l'endométriose.

Les patientes FMF homozygotes avaient un taux plus élevé de fausses couches spontanées et un taux de grossesse plus faible que les hétérozygotes.

Les taux de naissances vivantes étaient plus élevés chez les hétérozygotes.

La non-observance ou le traitement inadéquat à la colchicine était associé à des taux d'infertilité plus élevés, 38,2% des homozygotes et 84,6% des hétérozygotes ayant reçu un traitement insuffisant.

L'utilisation retardée de la colchicine en raison d'un diagnostic tardif de la FMF ou d'une utilisation irrégulière a également contribué aux problèmes d'infertilité

En conclusion, la gravité de la FMF, le génotype, et l'observance du traitement à la colchicine, ont un impact sur les résultats de la grossesse et la santé reproductive.


En pratique, cette étude souligne la nécessité d'améliorer l'éducation des patients sur l'observance stricte du traitement à la colchicine.


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