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Titre de l'article: Données cliniques et génétiques de la cohorte nationale espagnole rhumatologique du syndrome VEXAS : étude rétrospective multicentrique sur 126 services de rhumatologie espagnols

Premier auteur: García-Escudero P

Revue: Rheumatology

Auteur du résumé: Philippe Mertz


Le syndrome VEXAS : une recherche nationale espagnole pour mieux comprendre cette maladie rare.


Introduction

Le syndrome VEXAS (Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) est une maladie auto-inflammatoire grave récemment décrite, associée à des mutations somatiques du gène UBA1. Ce syndrome affecte principalement les hommes de plus de 50 ans et associe des manifestations inflammatoires systémiques à des anomalies hématologiques.

L’objectif de cette étude était de décrire les caractéristiques cliniques et génétiques du syndrome VEXAS observées chez les patients suivis dans les services de rhumatologie espagnols et d’analyser les corrélations génotype-phénotype.

Méthodologie

Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique réalisée dans 126 hôpitaux espagnols, incluant 39 patients diagnostiqués entre décembre 2020 et janvier 2024. Les données cliniques, biologiques et génétiques de ces patients ont été collectées et analysées.


Résultats principaux:

L’ensemble des patients inclus étaient des hommes, avec un âge moyen de 73 ans (min : 40 et max : 92 ans) au moment du diagnostic. Les diagnostics évoqués initialement étaient la polyarthrite séronégative (9/39 patients), la polychondrite atrophiante (6/39), le syndrome de Sweet (4/39), la pseudo-polyarthrite rhizomélique (4/39), le lupus systémique et la vascularite des vaisseaux de moyen calibre (3/39 chacun). Les manifestations cliniques les plus fréquentes étaient les atteintes cutanées (87 % des patients), suivies par la polyarthrite (82 %) et la fièvre (79 %). L’atteinte rénale concernait 20 % des patients, un taux plus élevé que celui rapporté dans les cohortes antérieures, et la polyarthrite semblait également plus fréquente que dans les séries précédentes.

Sur le plan génétique, certaines corrélations intéressantes ont été mises en évidence. Le variant M41V du gène UBA1 était significativement associé à l’atteinte rénale, tandis que le variant M41T était corrélé à la présence de thrombopénie et à une augmentation des événements thromboemboliques. L’étude a également permis d’identifier un nouveau variantn potentiellement pathogène du gène UBA1 (c.209T>A ; p.L70H).

Concernant la prise en charge thérapeutique, tous les patients ont été traités par corticoïdes, avec de meilleures réponses observées après la confirmation du diagnostic et l’ajustement des posologies. Les inhibiteurs d’interleukine-6 et les inhibiteurs de JAK, notamment le ruxolitinib, ont montré les meilleurs taux de réponse, atteignant respectivement 75 % et 76 %. À l’inverse, les anti-TNF et les agents hypométhylants se sont révélés peu efficaces.


Conclusion

Cette étude confirme que le syndrome VEXAS reste largement sous-diagnostiqué en rhumatologie, notamment chez les hommes âgés présentant des tableaux de polyarthrite, de cytopénies inexpliquées ou une corticodépendance. Elle souligne également que le génotype influence l’expression clinique de la maladie, certains variants étant associés à des formes plus sévères ou à des complications spécifiques comme les atteintes rénales ou thromboemboliques.

Enfin, les résultats renforcent l’intérêt des inhibiteurs de JAK et d’IL-6 comme stratégies thérapeutiques majeures dans cette pathologie.

En pratique clinique, ces résultats incitent à envisager rapidement le syndrome VEXAS chez tout homme de plus de 50 ans présentant une polyarthrite séronégative associée à des manifestations systémiques atypjques, des cytopénies ou encore une corticodépendance afin de ne pas retarder le diagnostic et d’adapter au mieux la prise en charge thérapeutique.



 
 
 
Titre de l'article: Atteinte neurologique du VEXAS dans la cohorte rétrospective du French VEXAS Registry
Premier auteur: Charlotte Bert-Marcaz
Revue: J Neurol
Auteur du résumé: Philippe Mertz

Neurological manifestations in patients with VEXAS syndrome

Le syndrome VEXAS (Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) est une maladie auto-inflammatoire décrite, liée à des mutations somatiques du gène *UBA1*. Il touche principalement les hommes de plus de 50 ans et se caractérise par une inflammation systémique, des anomalies hématologiques et des manifestations cutanées. Cependant, ses atteintes neurologiques, centrales comme périphériques, restent mal comprises et probablement sous-diagnostiquées.


Cette étude rétrospective multicentrique a analysé les manifestations neurologiques de patients atteints de VEXAS inclus dans le registre national français entre novembre 2020 et mars 2023. Sur 291 patients du registre, 17 (6 %) présentaient une atteinte neurologique. Treize cas supplémentaires ont été identifiés via un appel national à observations, portant le total à 30 patients. Tous étaient des hommes, avec un âge médian de diagnostic de 70 ans (IQR : 68–77). Le variant *UBA1* le plus fréquent était *p.Met41Thr* (63 %).


Cinq patients (17 %) ont présenté des manifestations neurologiques inaugurales (3 SNP, 2 SNC), mais aucun n’avait d’atteinte neurologique isolée au départ. Le délai médian entre le diagnostic de VEXAS et la première atteinte neurologique était de 32 mois (IQR : 18–48) pour le SNP et 17 mois (IQR : 2–31) pour le SNC.


L’atteinte du SNP concernait 70 % des patients et incluait des polyneuropathies, atteintes des nerfs crâniens et mononeuropathies multiples. L’atteinte du SNC (30 % des cas) regroupait encéphalopathies, infarctus lacunaires, syndrome PRES et périnévrite optique. Aucun patient ne présentait une atteinte concomitante des deux systèmes, bien que plusieurs aient développé différentes manifestations neurologiques au cours de la maladie. L’atteinte oculaire (sclérite, épisclérite, uvéite antérieure, inflammation périorbitaire) était plus fréquente dans le groupe SNP (p = 0.045).


Parmi les 15 patients ayant eu une ponction lombaire en cas d’atteinte du SNC, 6 (60 %) avaient une hyperprotéinorachie (> 0.45 g/L) et 1 (10 %) une pléiocytose (> 5/mm³). L’IRM cérébrale (15/15) montrait une leucopathie (81 %), des lésions ischémiques (40 %), un œdème postérieur vasogénique (19 %) ou une pachyméningite (7 %).


Parmi les 24 patients ayant eu une ponction lombaire en cas d’atteinte du SNP, 8/9 (89 %) avaient une hyperprotéinorachie, aucun n’avait de pléiocytose. Tous les patients ayant bénéficié d’un électromyogramme (17/17) présentaient des anomalies de la conduction nerveuse.

Neuroimaging of CNS involvement in VEXAS patients.

La corticothérapie a permis une amélioration des manifestations neurologiques dans 68% des cas. Certaines atteintes ont très bien répondu : nerfs crâniens (86 %), polyneuropathies non longueur-dépendantes (75 %), périnévrite optique (100 %), infarctus lacunaires (100 %) et encéphalopathie (100 %). Dans 4 cas, l’atteinte s’est résolue spontanément (1 atteinte crânienne, 1 infarctus lacunaire, 2 PRES). À l’inverse, les polyneuropathies étaient souvent résistantes (56 % stables, 33 % aggravées). Des traitements d’épargne cortisonique (ruxolitinib, azacitidine, tocilizumab) ont été utilisés. La mortalité était de 30 % après un suivi médian de 4 ans, due principalement à des complications infectieuses et cardiovasculaires.


En conclusion, les atteintes neurologiques du VEXAS sont rares (6 % de la cohorte) mais probablement sous-diagnostiquées. Elles sont inaugurales dans près de 17 % des cas et toujours associées à d’autres signes de VEXAS. L’atteinte du SNP est plus fréquente que celle du SNC. La bonne réponse aux corticoïdes dans la majorité des cas suggère un lien direct entre ces manifestations et le VEXAS. Un dépistage systématique pourrait permettre une prise en charge plus précoce et mieux adaptée.


*SNP: Système nerveux périphérique

*SNC: Système nerveux central


Atteinte neurologique dans le syndrome VEXAS : résultats du registre français FRENVEX

 
 
 

Titre de l'article: Caractéristiques et évolution des patients adultes atteints de fièvre méditerranéenne familiale : comparaison des patients présentant une ou deux mutations pathogènes de l’exon 10 de MEFV

Premier auteur: Anaël Dumont

Revue: Joint Bone Spine

Auteur du résumé: Rim BOURGUIBA


FMF adulte : une seule mutation MEFV suffit‑elle à rendre la maladie sévère ?

Introduction :

La Fièvre Méditerranéenne Familiale (FMF) est une maladie auto-inflammatoire associée à des mutations du gène MEFV. Si la présence de deux mutations pathogènes est classiquement associée à une forme typique et plus sévère de la maladie, l’expression clinique chez les patients ne présentant qu’une seule mutation pathogène reste débattue. L’objectif de cette étude était  de comparer les caractéristiques cliniques et l’évolution des patients adultes atteints de FMF selon la présence d’une ou de deux mutations pathogènes du MEFV.


Méthodes :

Une étude rétrospective monocentrique française était réalisée, incluant 581 patients adultes atteints de FMF, dont 178 présentaient une mutation pathogène unique et 403 avaient deux mutations pathogènes du MEFV. Le diagnostic était établi selon les critères de classification Eurofever/PRINTO, et tous les patients bénéficiaient d’un séquençage du gène MEFV. Une analyse spécifique a été réalisée pour comparer les patients M694V/E148Q et M694V/WT.


Résultats :

Comparés aux patients atteints de FMF avec deux mutations pathogènes, les patients hétérozygotes étaient plus âgés au moment du diagnostic et de l’apparition de la maladie (25 vs 10 ans et 12 vs 5 ans, p<0,001, respectivement), présentaient plus fréquemment des antécédents personnels (21 % vs 5 %, p<0,001) et familiaux (13 % vs 5 %, p=0,001) d’aphtose buccale récurrente, ainsi qu’un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé (24 vs 23 kg/m², p<0,05). Aucun cas d’amylose AA n’a été observé chez les patients hétérozygotes (0 % vs 6 %, p=0,001), et ces derniers nécessitaient une posologie de colchicine plus faible (p<0,001). Ces différences sont restées significatives après ajustement sur l’âge d’apparition de la maladie (début dans l’enfance ou à l’âge adulte). Aucune différence clinique n’a été mise en évidence entre les patients M694V/E148Q et M694V/WT.


Conclusion :

Les patients adultes atteints de FMF avec une seule mutation pathogène du MEFV présentent des caractéristiques cliniques spécifiques et une évolution distincte de ceux ayant deux mutations pathogènes. Ces résultats soulignent l’hétérogénéité phénotypique de la FMF et suggèrent la nécessité d’une prise en charge adaptée en fonction du profil génétique des patients.



 
 
 
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