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Titre de l'article: Faut-il séquencer le gène MEFV chez les patients avec une amylose AA dans les pays à haute prévalence de fièvre méditerranéenne familiale ? : une étude de 78 patients dialysés en Jordanie.

Premier auteur: Ahmed Sheyyab

Revue: Journal of Nephrology

Auteur du résumé: Rim BOURGUIBA

Graphical abstract de l'article

Introduction :

La fièvre méditerranéenne familiale (FMF), est la maladie auto-inflammatoire monogénique la plus fréquente au monde. Elle est associée dans sa forme classique à des mutations majoritairement dans l’exon 10 du gène MEFV. L’amylose AA est la complication la plus sévère de la FMF.

L’objectif de l’étude était de comparer la fréquence des variants du gène MEFV chez des patients en hémodialysé par rapport à des témoins sains dans un pays Méditerranéenne, la Jordanie.


Méthodes :

Une étude transversale incluant 78 patients avec atteinte rénale au stade d’hémodialyse et 201 témoins sains en Jordanie a été réalisée.  Tous les patients ont eu un séquençage par la technique de Sanger des principaux variants du gène MEFV ; les variants suivants étaient recherchés : p.E148Q, p.P369S, p.F479L, p.M680I (G/C), p.M680I (G/A), p.I692del, p.M694V, p.M694I, p.K695R, p.V726A, p.A744S, et p.R761H. Les patients ayant un variant ont été ensuite évalués cliniquement selon les critères de Tel-Hashomer ; cinq ont eu une biopsie rectale pour recherche d’amylose.


Résultats :

Parmi les patients dialysés, 16% avait au moins un variant de MEFV versus 12,9 % dans le groupe témoins (non significatif). Les deux mutations les plus fréquentes dans le groupe des patients hémodialysés étaient M694V (p = 0,035) et V726A (p = 0,009). Les variants notés chez les patients des deux groupes, sont résumés dans le tableau 1. Dans le groupe contrôle sans insuffisance rénale, 22 patients avaient un variant E148Q à l’état hétérozygote. Trois patients remplissaient les critères diagnostiques de FMF, et un cas d’amylose AA confirmée à la biopsie a été retrouvé.


Conclusion :

La FMF est la maladie autoinflammatoire la plus fréquente dans les pays Méditerranéens ; cependant elle reste sous diagnostiquée même dans les populations à haut risque. Cette errance diagnostique est source de complications principalement l’amylose AA. Cette étude montre que 4% des patients hémodialysés diagnostiquées avaient une FMF. Elle a confirmé aussi le caractère non pathogène du variant E148Q qui était détecté chez 22 patients sains et asymptomatiques.

Au total, ce travail souligne l’importance de la recherche des mutations dans le gène MEFV chez les patients avec amylose AA dans les pays où la FMF est très prévalente afin de proposer un traitement adéquat pour prévenir l’amylose AA et l’évolution vers l’insuffisance rénale.


Résultats du dépistage génétique du gène MEFV montrant le taux de fréquence des variants détectés dans les groupes souffrant d'insuffisance rénale et dans les groupes témoins

 
 
 

Titre de l'article: Données cliniques et génétiques de la cohorte nationale espagnole rhumatologique du syndrome VEXAS : étude rétrospective multicentrique sur 126 services de rhumatologie espagnols

Premier auteur: García-Escudero P

Revue: Rheumatology

Auteur du résumé: Philippe Mertz


Le syndrome VEXAS : une recherche nationale espagnole pour mieux comprendre cette maladie rare.


Introduction

Le syndrome VEXAS (Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) est une maladie auto-inflammatoire grave récemment décrite, associée à des mutations somatiques du gène UBA1. Ce syndrome affecte principalement les hommes de plus de 50 ans et associe des manifestations inflammatoires systémiques à des anomalies hématologiques.

L’objectif de cette étude était de décrire les caractéristiques cliniques et génétiques du syndrome VEXAS observées chez les patients suivis dans les services de rhumatologie espagnols et d’analyser les corrélations génotype-phénotype.

Méthodologie

Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique réalisée dans 126 hôpitaux espagnols, incluant 39 patients diagnostiqués entre décembre 2020 et janvier 2024. Les données cliniques, biologiques et génétiques de ces patients ont été collectées et analysées.


Résultats principaux:

L’ensemble des patients inclus étaient des hommes, avec un âge moyen de 73 ans (min : 40 et max : 92 ans) au moment du diagnostic. Les diagnostics évoqués initialement étaient la polyarthrite séronégative (9/39 patients), la polychondrite atrophiante (6/39), le syndrome de Sweet (4/39), la pseudo-polyarthrite rhizomélique (4/39), le lupus systémique et la vascularite des vaisseaux de moyen calibre (3/39 chacun). Les manifestations cliniques les plus fréquentes étaient les atteintes cutanées (87 % des patients), suivies par la polyarthrite (82 %) et la fièvre (79 %). L’atteinte rénale concernait 20 % des patients, un taux plus élevé que celui rapporté dans les cohortes antérieures, et la polyarthrite semblait également plus fréquente que dans les séries précédentes.

Sur le plan génétique, certaines corrélations intéressantes ont été mises en évidence. Le variant M41V du gène UBA1 était significativement associé à l’atteinte rénale, tandis que le variant M41T était corrélé à la présence de thrombopénie et à une augmentation des événements thromboemboliques. L’étude a également permis d’identifier un nouveau variantn potentiellement pathogène du gène UBA1 (c.209T>A ; p.L70H).

Concernant la prise en charge thérapeutique, tous les patients ont été traités par corticoïdes, avec de meilleures réponses observées après la confirmation du diagnostic et l’ajustement des posologies. Les inhibiteurs d’interleukine-6 et les inhibiteurs de JAK, notamment le ruxolitinib, ont montré les meilleurs taux de réponse, atteignant respectivement 75 % et 76 %. À l’inverse, les anti-TNF et les agents hypométhylants se sont révélés peu efficaces.


Conclusion

Cette étude confirme que le syndrome VEXAS reste largement sous-diagnostiqué en rhumatologie, notamment chez les hommes âgés présentant des tableaux de polyarthrite, de cytopénies inexpliquées ou une corticodépendance. Elle souligne également que le génotype influence l’expression clinique de la maladie, certains variants étant associés à des formes plus sévères ou à des complications spécifiques comme les atteintes rénales ou thromboemboliques.

Enfin, les résultats renforcent l’intérêt des inhibiteurs de JAK et d’IL-6 comme stratégies thérapeutiques majeures dans cette pathologie.

En pratique clinique, ces résultats incitent à envisager rapidement le syndrome VEXAS chez tout homme de plus de 50 ans présentant une polyarthrite séronégative associée à des manifestations systémiques atypjques, des cytopénies ou encore une corticodépendance afin de ne pas retarder le diagnostic et d’adapter au mieux la prise en charge thérapeutique.



 
 
 
Titre de l'article: Atteinte neurologique du VEXAS dans la cohorte rétrospective du French VEXAS Registry
Premier auteur: Charlotte Bert-Marcaz
Revue: J Neurol
Auteur du résumé: Philippe Mertz

Neurological manifestations in patients with VEXAS syndrome

Le syndrome VEXAS (Vacuoles, E1 enzyme, X-linked, Autoinflammatory, Somatic) est une maladie auto-inflammatoire décrite, liée à des mutations somatiques du gène *UBA1*. Il touche principalement les hommes de plus de 50 ans et se caractérise par une inflammation systémique, des anomalies hématologiques et des manifestations cutanées. Cependant, ses atteintes neurologiques, centrales comme périphériques, restent mal comprises et probablement sous-diagnostiquées.


Cette étude rétrospective multicentrique a analysé les manifestations neurologiques de patients atteints de VEXAS inclus dans le registre national français entre novembre 2020 et mars 2023. Sur 291 patients du registre, 17 (6 %) présentaient une atteinte neurologique. Treize cas supplémentaires ont été identifiés via un appel national à observations, portant le total à 30 patients. Tous étaient des hommes, avec un âge médian de diagnostic de 70 ans (IQR : 68–77). Le variant *UBA1* le plus fréquent était *p.Met41Thr* (63 %).


Cinq patients (17 %) ont présenté des manifestations neurologiques inaugurales (3 SNP, 2 SNC), mais aucun n’avait d’atteinte neurologique isolée au départ. Le délai médian entre le diagnostic de VEXAS et la première atteinte neurologique était de 32 mois (IQR : 18–48) pour le SNP et 17 mois (IQR : 2–31) pour le SNC.


L’atteinte du SNP concernait 70 % des patients et incluait des polyneuropathies, atteintes des nerfs crâniens et mononeuropathies multiples. L’atteinte du SNC (30 % des cas) regroupait encéphalopathies, infarctus lacunaires, syndrome PRES et périnévrite optique. Aucun patient ne présentait une atteinte concomitante des deux systèmes, bien que plusieurs aient développé différentes manifestations neurologiques au cours de la maladie. L’atteinte oculaire (sclérite, épisclérite, uvéite antérieure, inflammation périorbitaire) était plus fréquente dans le groupe SNP (p = 0.045).


Parmi les 15 patients ayant eu une ponction lombaire en cas d’atteinte du SNC, 6 (60 %) avaient une hyperprotéinorachie (> 0.45 g/L) et 1 (10 %) une pléiocytose (> 5/mm³). L’IRM cérébrale (15/15) montrait une leucopathie (81 %), des lésions ischémiques (40 %), un œdème postérieur vasogénique (19 %) ou une pachyméningite (7 %).


Parmi les 24 patients ayant eu une ponction lombaire en cas d’atteinte du SNP, 8/9 (89 %) avaient une hyperprotéinorachie, aucun n’avait de pléiocytose. Tous les patients ayant bénéficié d’un électromyogramme (17/17) présentaient des anomalies de la conduction nerveuse.

Neuroimaging of CNS involvement in VEXAS patients.

La corticothérapie a permis une amélioration des manifestations neurologiques dans 68% des cas. Certaines atteintes ont très bien répondu : nerfs crâniens (86 %), polyneuropathies non longueur-dépendantes (75 %), périnévrite optique (100 %), infarctus lacunaires (100 %) et encéphalopathie (100 %). Dans 4 cas, l’atteinte s’est résolue spontanément (1 atteinte crânienne, 1 infarctus lacunaire, 2 PRES). À l’inverse, les polyneuropathies étaient souvent résistantes (56 % stables, 33 % aggravées). Des traitements d’épargne cortisonique (ruxolitinib, azacitidine, tocilizumab) ont été utilisés. La mortalité était de 30 % après un suivi médian de 4 ans, due principalement à des complications infectieuses et cardiovasculaires.


En conclusion, les atteintes neurologiques du VEXAS sont rares (6 % de la cohorte) mais probablement sous-diagnostiquées. Elles sont inaugurales dans près de 17 % des cas et toujours associées à d’autres signes de VEXAS. L’atteinte du SNP est plus fréquente que celle du SNC. La bonne réponse aux corticoïdes dans la majorité des cas suggère un lien direct entre ces manifestations et le VEXAS. Un dépistage systématique pourrait permettre une prise en charge plus précoce et mieux adaptée.


*SNP: Système nerveux périphérique

*SNC: Système nerveux central


Atteinte neurologique dans le syndrome VEXAS : résultats du registre français FRENVEX

 
 
 
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