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Titre de l'article: Auto-efficacité, adaptation à la FMF et satisfaction de vie : résultats d’une étude transversale en ligne en Turquie

Premier auteur: Demir RN

Revue: Orphanet Journal of Rare Diseases

Auteur du résumé: Rim BOURGUIBA

L’impact de la confiance en soi sur la qualité de vie des personnes atteintes de Fièvre Méditerranéenne Familiale

Résumé

La Fièvre Méditerranéenne Familiale (FMF) est la maladie auto-inflammatoire monogénique la plus fréquente au monde. Elle est caractérisée par des poussées récurrentes inflammatoires de fièvre, douleurs abdominales, thoraciques et articulaires. La prise en charge thérapeutique repose sur la colchicine en première intention, le recours à la biothérapie est parfois nécessaire.  Outre la prise en charge médicale, la capacité des patients à s’adapter à la maladie chronique et leur sentiment d’auto-efficacité définit par le sentiment d’efficacité personnelle dans la gestion de la maladie peuvent influencer leur qualité de vie. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de l’auto-efficacité dans la gestion de la FMF et des niveaux d’adaptation à la maladie sur la satisfaction/ qualité de vie des patients atteints de FMF.


Méthodes

Une étude transversale observationnelle a été réalisée via un questionnaire en ligne diffusé sur Facebook et Instagram (groupes de patients FMF) entre février et avril 2024. Les auteurs ont inclus des patients turcs adultes (≥18 ans), diagnostiqués depuis au moins un an. Les outils d’évaluation utilisés étaient ;

  • Self-Efficacy Scale for Chronic Disease(6 items).

  • Adaptation to Chronic Illness Scale(25 items : adaptation physique, psychologique, sociale).

  • Satisfaction With Life Scale.


Résultats

Dans cette étude portant sur 423 patients adultes turcs atteints de FMF, une prédominance féminine était notée (73,8 %), avec un âge allant 32 et 45 ans. Une durée de la maladie supérieure ou égale à 21 ans était rapportée chez 38,3% des patients.  Le score moyen d’auto-efficacité dans la gestion de la maladie était relativement élevé (4,67/10). L’adaptation à la maladie présentait un niveau global modéré (3,10/5), avec une meilleure adaptation physique (3,36), suivie de l’adaptation psychologique (2,92) et sociale (2,87). La satisfaction de vie se situait en dessous de la moyenne (2,68/5). L’étude de corrélation a mis en évidence des associations positives et significatives entre l’auto-efficacité et l’adaptation (r = 0,532), entre l’auto-efficacité et la satisfaction de vie (r = 0,417), ainsi qu’entre l’adaptation et la satisfaction de vie (r = 0,564) (table 1). L’analyse de la régression a mis en évidence que  l’auto-efficacité expliquait 17,4 % de la variance de la satisfaction de vie, tandis que l’adaptation à la maladie en expliquait 31,8 %, confirmant ainsi leur rôle déterminant de l’auto-contrôle de la FMF sur la qualité de vie (table 2).


Conclusion

Cette étude montre que chez les patients atteints de FMF, l’auto-efficacité et l’adaptation à la maladie influencent directement la qualité de vie  globalement faible dans cette population. Le renforcement de l’éducation thérapeutique et du soutien psychosocial apparaît essentiel pour améliorer la qualité de vie des patients adultes atteints de FMF.


Table 1 : Étude de corrélation entre l’auto-efficacité et la qualité de vie chez les patients FMF

Étude de corrélation entre l’auto-efficacité et la qualité de vie chez les patients FMF

Table 2 : Analyse de régression de l’auto-efficacité sur la qualité de vie et la gestion de la maladie

Analyse de régression de l’auto-efficacité sur la qualité de vie et la gestion de la maladie

 
 
 
Titre de l'article: Des nouveaux variants de MRTFA expandent le phénotype de cette actinopathie avec neutropénie et manifestations autoinflammatoires
Premier auteur: Wendao Li
Revue: Pediatric Allergy and Immunology
Auteur du résumé: Philippe Mertz

De nouvelles variantes du gène MRTFA élargissent le spectre d’une actinopathie avec baisse des globules blancs et inflammation

Trois points clés à retenir :

  • Le déficit en MKL1 était connu pour entrainer une désorganisation majeure du cytosquelette d’actine et un déficit immunitaire primitif sévère avec défaut des phagocytes.

  • Les auteurs rapportent ici le premier cas de variants hétérozygotes composites dans MRTFA, élargissant le spectre phénotypique connu avec au premier plan des manifestations autoinflammatoires majeures et des anomalies du nombre et fonction des neutrophiles.

  • Comme illustré ici, le phénotype complet des actinopathies reste probablement à découvrir, soulignant l’importance d’un diagnostic précis et d’explorations fonctionnelles approfondies.

Le gène MRTFA encode la protéine Megakaryoblastic Leukemia 1 (MKL1), régulateur du facteur de transcription SRF qui induit la transcription de gènes impliqués dans l’homéostasie du cytosquelette d'actine, la migration cellulaire et l'adhérence dans de multiples types de cellules. Normalement, la polymérisation de l'actine G libère MKL1, lui permettant d'entrer dans le noyau pour coactiver les gènes ciblés par SRF.

Le défaut en MKL1 a été initialement décrit en 2015 chez 3 patients qui présentaient un phénotype d’actinopathie avec déficit immunitaire combiné, avec notamment un défaut en nombre et fonction des phagocytes.  Ces cas antérieurs, issus de familles consanguines, présentaient des variants homozygotes conduisant à l'absence complète de la protéine MKL1. Le tableau clinique classique incluait une susceptibilité accrue aux infections bactériennes sévères, une mauvaise cicatrisation et une thrombocytopénie.

Cet article rapporte le quatrième patient avec défaut en MKL1 et le premier cas rapporté associé à des variants hétérozygotes composites dans le gène MRTFA (NM_020831; p.Q377X/p.C684X). Ces deux variants se situent dans des domaines critiques de la protéine MKL1, entraînant l'absence complète de la protéine dans les PBMCs et neutrophiles, et donc de sa fonction de régulateur de facteur de transcription de gènes du métabolisme de l’actine.

La patiente, âgée de 3 ans et issue d’une famille non consanguine, a présenté ses premiers symptômes dès l’âge de 2 mois. Elle souffrait alors d’infections précoces, d’une neutropénie intermittente et d’une thrombocytopénie, avec un nadir à 55 G/L. Contrairement aux cas décrits initialement dans la littérature, les infections observées chez cette patiente étaient relativement moins sévères. En revanche, elle présentait des manifestations auto-inflammatoires marquées, caractérisées par des épisodes fébriles récurrents associés à des lésions cutanées multiples — érythémateuses et papuleuses — touchant le visage et les membres, ainsi qu’un gonflement des mains et des pieds. Elle présentait également des diarrhées glairo-sanglantes intermittentes, des ulcères rectaux, une colite et une hyperplasie folliculaire lymphoïde colique objectivées à l’endoscopie.

Multiple erythematous rashes on the patient's face and legs and swelling of the fee

Figure extraite de l’article

Les auteurs ont mené plusieurs explorations fonctionnelles pour comprendre l’impact de ces variants :

  • L'absence de MKL1 a provoqué un dysfonctionnement marqué du cytosquelette d'actine, caractéristique des actinopathies. Une réduction significative du contenu en actine filamenteuse (actine F) a été observée dans les neutrophiles, les monocytes, et, dans une moindre mesure, les lymphocytes T et B. De même, la polymérisation de l'actine F en réponse à la stimulation (fMLF) était réduite.

  • Une dysfonction majeure des neutrophiles :

    • Migration : réponse chimiotactique fortement réduite

    • Production de ROS et burst oxydatif : La production de ROS (espèces réactives de l'oxygène), qu'elle soit intra- ou extracellulaire, et la production de H₂O₂ (évaluée par DHR) étaient réduites en réponse à la stimulation. Ceci contraste avec les rapports précédents qui n'avaient pas noté de défauts dans la production de ROS.

    • NETs (Neutrophil Extracellular Traps) : La formation de NETs, mécanisme crucial de défense immunitaire nécessitant un réarrangement intact du cytosquelette d'actine, était altérée.

L'analyse transcriptomique des neutrophiles a fourni un soutien aux observations cliniques inflammatoires, révélant une régulation négative des gènes du cytosquelette, mais, de manière concomitante, une régulation positive des voies inflammatoires, y compris la voie NFkB, TNFα et une signature type maladies inflammatoires de l'intestin (MICI). Ces résultats pourraient expliquer en partie les manifestations inflammatoires observées chez la patiente.

En conclusion, les auteurs rapportent ici le premier cas de déficience en MKL1 associée à des variants hétérozygotes composites, élargissant significativement le spectre phénotypique connu. L’association d’un phénotype auto-inflammatoire marqué à un déficit immunitaire moins sévère souligne la diversité et la complexité des actinopathies. Comme illustré ici, le phénotype complet de ces maladies reste probablement encore à découvrir, justifiant la poursuite des investigations cliniques et fonctionnelles.



 
 
 

Titre de l'article: Données cliniques et biologiques de 503 patients atteints d’actinopathies dysimmunitaires du registre MENA

(middle East and North Africa)

Premier auteur: Zahra Chavoshzadeh

Revue: Front Genet.

Auteur du résumé: Philippe Mertz


Différences de présentation entre Le groupe des régulateurs de la voie RAC2  et le groupe des régulateurs de la voie de CDC42

Les actinopathies constituent un groupe émergent de déficits immunitaires primitifs liés à des anomalies des gènes régulant le cytosquelette d’actine. Ces protéines contrôlent des fonctions immunitaires essentielles telles que la migration cellulaire, l’infiltration tissulaire et la formation de la synapse immunologique. Cliniquement, elles associent infections sévères et récurrentes, manifestations allergiques, cytopénies (notamment thrombopénie et/ou anomalie du volume plaquettaire moyen), auto-immunité et parfois malignités.

La région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) présente une prévalence élevée de ces maladies, en raison notamment d’une fréquence élevée de mariages consanguins. L’objectif de cette étude multicentrique rétrospective était de décrire les caractéristiques cliniques, immunologiques et génétiques et de décrire les approches thérapeutiques utilisées chez les patients avec actinopathie.

Les auteurs ont proposé une classification des actinopathies en trois grands groupes, selon les mécanismes touchés (voir figure 1A extraite de l’article). Pour mémoire, la polymérisation de l’actine est indispensable à la formation de protrusions cellulaires, et dépend principalement de deux voies associées aux RHO GTPases RAC2 et CDC42 :


  • Le groupe des régulateurs de la voie RAC2 (en bleu), qui active le complexe ARP2/3 et induit la formation de lamellipodes ;

  • Le groupe des régulateurs de la voie de CDC42 (en rouge), qui active le complexe WAVE et génère des filopodes ;

  • Un troisième groupe rassemble essentiellement des anomalies de facteurs de transcription de l’actine ou de ses régulateurs (en vert), tels que CEBPE, WDR1 ou MKL1.

    Schéma du remodelage de l'actine dans les leucocytes via deux voies principales.

Au total, 503 patients issus de 17 pays ont été inclus. L’âge médian au début des symptômes était de 4 mois, et le délai médian de diagnostic atteignait 19 mois. La mortalité globale était de 23 %, principalement liée aux complications infectieuses et aux cancers.

Les présentations initiales les plus fréquentes étaient les manifestations allergiques (33,7 %), les infections (32 %) et les hémorragies (16,8 %). Tout au long de la vie, les infections dominaient (90 %), surtout respiratoires (72 %) et cutanées (48 %). L’eczéma était l’expression allergique la plus fréquente (67,9 %). Les cytopénies (42,7 %), lymphoproliférations (19,1 %) et lymphomes (5,9 %) complétaient le spectre.

Parmi les 391 patients ayant eu un diagnostic génétique, les gènes les plus souvent impliqués étaient DOCK8 (53.8%), WAS (n=24.6%) et CARMIL2 (4.3%). A noter qu’aucun patient atteint de mutations de CDC42 était inclus dans le groupe des régulateurs de la voie CDC42.

La greffe de cellules souches hématopoïétiques (GCSH) était réalisée chez 24 % des patients, améliorant nettement la survie dans les déficits WAS, DOCK8 et DOCK2. La substitution en immunoglobulines (89,4 %) et l’antibioprophylaxie (93 %) étaient quasi systématiques.


Les auteurs se sont ensuite intéressés aux différences de présentation entre les différents groupes.  Les principales différences sont présentées dans la figure ci-contre.

Différences de présentation entre Le groupe des régulateurs de la voie RAC2  et le groupe des régulateurs de la voie de CDC42

VPM : volume plaquettaire moyen

Messages clés

  1. Les actinopathies sont le plus souvent révélées dès la petite enfance par des infections (respiratoires +++) et des allergies (eczéma, dermatite atopique) sévères, avec une mortalité globale proche de 25 %. Les plaquettes peuvent être normales chez une grande majorité des patients (48 – 94% selon le groupe).

  2. Les variants touchant la voie CDC42 s’associent à un début plus précoce, un phénotype plus sévère et une mortalité plus élevée que ceux de la voie RAC2, qui présentent un profil plus tardif, souvent marqué par lymphoprolifération.

  3. La greffe de cellules souches hématopoïétiques (GCSH) constitue une option thérapeutique clé, particulièrement bénéfique pour les déficits en DOCK8, WAS et DOCK2, soulignant l’importance d’un diagnostic précoce et d’une orientation rapide vers un centre expert.


 
 
 
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