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Titre de l'article: Efficacité et tolérance de l’azacitidine dans le syndrome VEXAS : données rétrospectives de la cohorte française FRENVEX

Premier auteur: Vincent Jachiet

Revue: Blood

Auteur du résumé: Philippe Mertz


 Efficacité et tolérance de l’azacitidine dans le syndrome VEXAS : données rétrospectives de la cohorte française FRENVEX

Trois points clés à retenir :

  1. L’azacitidine est une option thérapeutique efficace dans le syndrome VEXAS même sans myélodysplasie associée, avec des effets simultanés sur l’inflammation, les cytopénies et le clone UBA1.

  2. La réponse est souvent retardée et nécessite une exposition prolongée (≥6 cycles) avant évaluation. Les effets indésirables, notamment infectieux, surviennent essentiellement dans les 3 premiers cycles de traitement. L’arrêt d’AZA entraîne des rechutes dans la majorité des cas, suggérant un effet suspensif plutôt que curatif.

  3. Le suivi moléculaire (VAF UBA1) permet d’objectiver une réponse clonale et pourrait devenir un biomarqueur de suivi dans cette pathologie.

Le syndrome VEXAS est une maladie auto-inflammatoire monogénique acquise, associée à des mutations somatiques dans le gène UBA1. Les patients présentent un large spectre de manifestations inflammatoires sévères et de cytopénies, pouvant s’associer à un syndrome myélodysplasique (SMD). Le traitement repose principalement sur les corticoïdes, avec une cortico-dépendance fréquente malgré traitement d’épargne associé par thérapies ciblées (anti-IL-6, anti-JAK, etc.) qui ont une efficacité inconstante. L’azacitidine (AZA), agent hypométhylant utilisé dans les SMD, a montré un potentiel dans le VEXAS, mais les données publiées restaient limitées.

Il s’agit ici d’une étude rétrospective multicentrique menée en France par le groupe FRENVEX, incluant 88 patients atteints de VEXAS génétiquement confirmé ayant reçu au moins un cycle d’AZA entre 2009 et 2024.


Dans cette étude, la réponse inflammatoire était définie comme une amélioration à la fois clinique et biologique des manifestations systémiques, incluant la réduction des symptômes inflammatoires et une diminution soutenue des marqueurs biologiques comme la CRP. La réponse hématologique suivait les critères de l’International Working Group 2018 pour les SMD, et correspondait à une amélioration significative des cytopénies, notamment une augmentation de l’hémoglobine, des plaquettes ou des neutrophiles, ou une réduction des besoins transfusionnels. Enfin, la réponse moléculaire était établie sur la base d’une diminution d’au moins 25 % de la charge mutationnelle (VAF) du variant UBA1, évaluée par séquençage ciblé au cours du traitement. Les effets secondaires du traitement étaient décrits selon les critères de la Common 229 Terminology Criteria for Adverse Events (version 5.0).

Les réponses inflammatoires, hématologiques et moléculaires ont été évaluées, ainsi que la tolérance, indépendamment de l’existence d’un SMD associé (présent chez 80 %).

Les principaux résultats de cette étude montrent :

  • Une réponse inflammatoire partielle ou complète observée chez 61 % des patients (41 % à 6 mois, 54 % à 12 mois). Le délai médian de réponse était parfois tardif (>6 cycles).

  • Une réponse hématologique avec amélioration de l’hémoglobine dans 65 %, du taux de plaquettes dans 77 %, avec un bénéfice clinique sur les cytopénies et les besoins transfusionnels.

  • Une réponse moléculaire avec diminution d’au moins 25 % de la charge mutationnelle UBA1 chez 65 % des patients, corrélée à la réponse clinique.

  • Des effets indésirables sévères (grade III et IV) chez 60 % des patients, principalement infections (34 %) et cytopénies (36 %), survenant majoritairement dans les 3 premiers cycles.

  • 75 % des patients rechutent après arrêt de l’AZA (durée médiane de la période sans traitement de 3,1 ans), mais la reprise du traitement est efficace dans 80 % des cas.


Ce travail soutient l’usage de l’AZA comme traitement de première ligne chez les patients avec un syndrome VEXAS et des cytopénies sévères, ou en seconde ligne en cas d’échec des biothérapies anti-inflammatoires, même en l’absence de SMD associé. Les effets indésirables liés au traitement, notamment les infections, semblent survenir principalement lors des 3 premiers cycles de traitement. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer son positionnement et optimiser la stratégie thérapeutique.

 
 
 

Premier auteur : Ozen S

Revue: Annals of the Rheumatic Diseases

Référence: Ann Rheum Dis. 2025 Apr 9:S0003-4967(25)00084-6

Lien vers pubmed: EULAR/PReS endorsed recommendations for the management of familial Mediterranean fever (FMF): 2024 update - PubMed

Recommandations approuvées par l’EULAR et la PReS pour la FMF

Résumé des recommandations européennes 2024 sur la FMF:


La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est la maladie auto-inflammatoire monogénique la plus fréquente au Monde. Elle nécessite une prise en charge spécialisée, compte tenu de la variabilité clinique et génétique de la maladie. En 2024, les sociétés EULAR et PReS ont actualisé leurs recommandations.

Principes généraux :

  1. La FMF requiert une expertise pour le diagnostic et la prise en charge.

  2. L’objectif est un contrôle total de l’inflammation, même infraclinique, afin d’éviter les complications comme l’amylose AA.

  3. La maladie nécessite un traitement à vie, avec une observance stricte, centrée sur la prise quotidienne de colchicine.

  4. L’approche doit être centrée sur le patient et doit viser à préserver sa qualité de vie.

Recommandations clés :

  • Le traitement par colchicine doit débuter dès le diagnostic clinique.

  • La posologie doit être adaptée à la tolérance et à l’observance (prise unique ou fractionnée).

  • En cas de persistance des symptômes ou d’inflammation infraclinique, il faut augmenter la dose dans les limites recommandées (max. 2 mg/j chez l’enfant, 3 mg/j chez l’adulte).

  • Si la colchicine est insuffisante malgré une bonne observance, un traitement ciblant l’interleukine-1 est recommandé (anakinra, canakinumab).

  • Les atteintes musculo-squelettiques chroniques peuvent nécessiter d'autres traitements (DMARDs, biologiques).

  • Une surveillance régulière (clinique, biologique, toxicité, observance) est essentielle.

  • La colchicine doit être poursuivie pendant la grossesse et l’allaitement.

  • En cas de crise, continuer la colchicine à la même dose et ajouter un traitement symptomatique (AINS par exemple).

  • Un ensemble minimal de critères d’évaluation est proposé : fréquence des crises, qualité de vie, marqueurs biologiques (CRP, SAA).


Enfin, des indicateurs de qualité, des priorités cliniques (notamment l’observance) et des stratégies de mise en œuvre sont proposés pour harmoniser les pratiques.



 
 
 

Résumé par: le Pr Sophie Georgin-Lavialle

Référence : Garcia-Escudero P, VEXAS syndrome through a rheumatologist’s lens: insights from a Spanish national cohort, Rheumatology, 2025, 00, 1-9


Le syndrome VEXAS vu par un rhumatologue : enseignements tirés d'une cohorte nationale espagnole

Le résumé:

Le syndrome VEXAS est une maladie autoinflammatoire acquise, rare, décrite en 2020, associée à des mutations somatiques du gène UBA1. Cet article rapporte une série espagnole multicentrique composée de 39 hommes caucasiens suivis en rhumatologie, avec un âge moyen de 73 ans au diagnostic et un âge moyen au début des symptômes de 67 ans. Les principaux diagnostics auparavant étaient : polyarthrite séronégative (n=9), polychondrite atrophiante (n=6), syndrome de Sweet (n=4), pseudopolyarthrite rhizomélique (n=4), lupus systémique érythémateux (n=3) et vascularite des moyens vaisseaux (n=3). Les symptômes les plus fréquents étaient par ordre décroissant de fréquence : lésions cutanées (87%) avec majoritairement dermatose neutrophilique, polyarthrite (82%), fièvre (79%), chondrites (51.3%), atteinte ophtalmologique (48.7%), principalement œdème périorbitaire, atteinte pulmonaire (38%), thrombose veineuse profonde (30.8%) et atteinte rénale (20%).


Sur un plan hématologique, 92% des patients présentaient une anémie macrocytaire ; 46% avaient une myélodysplasie. Dix patients (25.6%) avaient une gammapathie monoclonale. Des vacuoles étaient retrouvées chez 82% des patients.

Les 3 mutations principales d’UBA1 ont été retrouvées avec : M41T (36%), M41V (15.7%) et M41L (47%). Les auteurs retrouvent une corrélation génotype-phénotype : M41V était associée aux atteintes rénales, M41T aux thromboses veineuses profondes et à la thrombopénie. Une nouvelle mutation (c.209T>A ; p.L70H) dans l’exon 4 a aussi été identifiée.


La majorité des patients présentaient une anémie macrocytaire (92%), parfois associée à un syndrome myélodysplasique (46%) ou à une gammapathie monoclonale (26%). L’examen médullaire montrait des vacuoles dans 72% des cas.

Tous les patients ont reçu des corticoïdes, avec une amélioration notable post-diagnostic grâce à l’augmentation des doses. Les inhibiteurs de l’IL-6 (75%) et les inhibiteurs de JAK (77%), en particulier le ruxolitinib (90%), ont montré une bonne efficacité. Les anti-TNF étaient inefficaces.

Huit patients (20.5%) sont décédés durant le suivi donc 5 décès attribuables au syndrome VEXAS.


Cette étude souligne l’importance du rôle des rhumatologues dans l’identification de VEXAS, notamment chez les hommes >50 ans avec tableaux inflammatoires atypiques, anémie macrocytaire et dépendance aux corticoïdes. La corrélation génotype-phénotype décrite pourra être confirmée sur une plus grande cohorte et pourrait aider à affiner le diagnostic et guider les choix thérapeutiques.




 
 
 
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