Syndrome VEXAS : que nous apprend l’expérience française avec l’azacitidine ?
- Philippe Mertz
- 14 mai
- 3 min de lecture
Titre de l'article: Efficacité et tolérance de l’azacitidine dans le syndrome VEXAS : données rétrospectives de la cohorte française FRENVEX
Premier auteur: Vincent Jachiet
Revue: Blood
Lien vers l'article: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/40373272/
Auteur du résumé: Philippe Mertz

Trois points clés à retenir :
L’azacitidine est une option thérapeutique efficace dans le syndrome VEXAS même sans myélodysplasie associée, avec des effets simultanés sur l’inflammation, les cytopénies et le clone UBA1.
La réponse est souvent retardée et nécessite une exposition prolongée (≥6 cycles) avant évaluation. Les effets indésirables, notamment infectieux, surviennent essentiellement dans les 3 premiers cycles de traitement. L’arrêt d’AZA entraîne des rechutes dans la majorité des cas, suggérant un effet suspensif plutôt que curatif.
Le suivi moléculaire (VAF UBA1) permet d’objectiver une réponse clonale et pourrait devenir un biomarqueur de suivi dans cette pathologie.
Le syndrome VEXAS est une maladie auto-inflammatoire monogénique acquise, associée à des mutations somatiques dans le gène UBA1. Les patients présentent un large spectre de manifestations inflammatoires sévères et de cytopénies, pouvant s’associer à un syndrome myélodysplasique (SMD). Le traitement repose principalement sur les corticoïdes, avec une cortico-dépendance fréquente malgré traitement d’épargne associé par thérapies ciblées (anti-IL-6, anti-JAK, etc.) qui ont une efficacité inconstante. L’azacitidine (AZA), agent hypométhylant utilisé dans les SMD, a montré un potentiel dans le VEXAS, mais les données publiées restaient limitées.
Il s’agit ici d’une étude rétrospective multicentrique menée en France par le groupe FRENVEX, incluant 88 patients atteints de VEXAS génétiquement confirmé ayant reçu au moins un cycle d’AZA entre 2009 et 2024.
Dans cette étude, la réponse inflammatoire était définie comme une amélioration à la fois clinique et biologique des manifestations systémiques, incluant la réduction des symptômes inflammatoires et une diminution soutenue des marqueurs biologiques comme la CRP. La réponse hématologique suivait les critères de l’International Working Group 2018 pour les SMD, et correspondait à une amélioration significative des cytopénies, notamment une augmentation de l’hémoglobine, des plaquettes ou des neutrophiles, ou une réduction des besoins transfusionnels. Enfin, la réponse moléculaire était établie sur la base d’une diminution d’au moins 25 % de la charge mutationnelle (VAF) du variant UBA1, évaluée par séquençage ciblé au cours du traitement. Les effets secondaires du traitement étaient décrits selon les critères de la Common 229 Terminology Criteria for Adverse Events (version 5.0).
Les réponses inflammatoires, hématologiques et moléculaires ont été évaluées, ainsi que la tolérance, indépendamment de l’existence d’un SMD associé (présent chez 80 %).
Les principaux résultats de cette étude montrent :
Une réponse inflammatoire partielle ou complète observée chez 61 % des patients (41 % à 6 mois, 54 % à 12 mois). Le délai médian de réponse était parfois tardif (>6 cycles).
Une réponse hématologique avec amélioration de l’hémoglobine dans 65 %, du taux de plaquettes dans 77 %, avec un bénéfice clinique sur les cytopénies et les besoins transfusionnels.
Une réponse moléculaire avec diminution d’au moins 25 % de la charge mutationnelle UBA1 chez 65 % des patients, corrélée à la réponse clinique.
Des effets indésirables sévères (grade III et IV) chez 60 % des patients, principalement infections (34 %) et cytopénies (36 %), survenant majoritairement dans les 3 premiers cycles.
75 % des patients rechutent après arrêt de l’AZA (durée médiane de la période sans traitement de 3,1 ans), mais la reprise du traitement est efficace dans 80 % des cas.
Ce travail soutient l’usage de l’AZA comme traitement de première ligne chez les patients avec un syndrome VEXAS et des cytopénies sévères, ou en seconde ligne en cas d’échec des biothérapies anti-inflammatoires, même en l’absence de SMD associé. Les effets indésirables liés au traitement, notamment les infections, semblent survenir principalement lors des 3 premiers cycles de traitement. Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer son positionnement et optimiser la stratégie thérapeutique.




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